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Un directeur d'hôtel français de Pattaya dans un univers kafkaïen depuis avril 2018. Il raconte

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Voici l’histoire d’un expatrié qui vit en Thaïlande depuis plusieurs années. Il y a quelques mois sa vie a basculé.

"Difficile de comprendre ce traitement pour de la paperasse incorrecte", dit-il !!! Et en plus sans être ni propriétaire, ni associé, ni actionnaire de l'hôtel qu'il gérait…

Nous avions, en avril 2018, parlé de ces descentes dans les hôtels de Pattaya effectuées "les autorités".

 

 

 

Je vis en Thaïlande et y travaille en toute légalité depuis plus de 12 ans.

Il y a 4 ans j’ai été recruté et employé légalement pour diriger un petit hôtel de charme à Pattaya.

L’hôtel possède un total de 19 chambres en location journalière.

Le patron de cet hôtel a confirmé que depuis des années, il n'a pas besoin d'avoir une licence d'hôtel en tant que telle, mais seulement une licence d’appartements à louer.

 

J'ai un permis de travail, un visa et tous les papiers sont à jour depuis le début de cette activité. Le "Resort" emploie 4 personnes Thaïlandaises et moi.

 

Cette entreprise a un fonctionnement parfaitement légal depuis de nombreuses années, paye tous ses impôts et redevances requis et est conforme à toutes les autres réglementations dont le propriétaire est responsable.

 

Le 26 avril 2018, j’étais assis à la réception de l’hôtel à Pattaya et c’est alors qu'une douzaine d’agents de la police touristique se sont précipités dans l’hôtel, en entrant par tous les côtés.

Ils attrapaient et touchaient à tout, demandant à voir "bayanuyat" (les licences).

J'ai désigné le mur où les licences sont affichées, celle de l’hôtel avait été renouvelée il y a quelques mois, comme tous les ans.

Ils n'ont pas accepté la mienne comme une licence d'hôtel valide.

Sans aucun mandat, ils ont commencé à collecter les réservations des clients, la liste des prix, les cautions, les copies des passeports, les reçus et tout ce qu'ils ont estimé utile (y compris des effets personnels).

 

Sans même pouvoir prendre un sac, j’ai été immédiatement emmené au quartier général de la police touristique, où l’on m'a mis dans une grande salle avec 7 ou 8 autres personnes. J'ai vite appris que c'étaient d'autres propriétaires et directeurs d'hôtels qui avaient été ramassés lors des mêmes raids / inspections.

 

De 10 heures à 20 heures environ, nous y avons été détenus pendant que les officiers remplissaient des papiers, prenaient des photos, nos empreintes, etc. Sans pouvoir boire ni se restaurer.

 

En fin de compte, on nous a dit que nous étions tous en état d'arrestation pour avoir exploité illégalement une entreprise et que nous allions maintenant être emmenés au poste de police principal pour y être accusés.

Une fois arrivés au poste de police, nous avons été jetés en prison et enfermés dans les cellules avec des délinquants.

 

Le lendemain en fin de matinée, nous avons été emmenés au tribunal pour y être jugé.

On m’a suggéré de ne pas prendre de traducteur et de parler directement au magistrat.

 

Seul devant le juge, sans avocat, ni traducteur, on m’a dit que je pouvais rester dans le système et que je devais m’occuper de mettre les papiers de l’hôtel à jour.

On m'a ensuite proposé de payer une caution de 40 000 thb et de me présenter au tribunal tous les 6 jours.

 

Je n'ai reçu aucune ordonnance du tribunal et aucun document d'accusation, ni quoi que ce soit.

Est-ce que je peux opérer ou non ? Dois-je continuer à accepter les réservations quotidiennes ? Je n'ai pas reçu de document disant quoi que ce soit.

 

Nous avons donc décidé de fermer l’hôtel le temps de mettre les papiers à jour. Alors avec notre comptable nous avons cherché le moyen d’obtenir une licence d’hôtel, mais c’est tout simplement impossible, l’hôtel est situé trop près de la route et entouré d'autres bâtiments.

Pour résumer, aucune chance de se conformer à cette nouvelle réglementation.

 

2 jours plus tard, nouvelle visite des autorités (une dizaine d’individus), ils m’ont forcé à signer un papier vierge avant de le remplir… Je ne sais pas ce qui a été écrit et ils ont refusé de m’en remettre une copie.

Ils ont ensuite exigé que l’on déloge les clients présents, ce sont des personnes qui étaient arrivée avant notre décision de fermeture. Ce que nous avons fait immédiatement.

 

Le 8 mai, la veille de me présenter au tribunal (comme prévu tous les 6 jours) : à nouveau une quinzaine de types en uniforme sont arrivés, on m’a dit que mon visa avait été annulé, que j’étais en état d’arrestation et que l’on me transférait au IDC (Immigration Detention Center) de Bangkok.

Tout cela c’est passé devant mon fils de 7ans, la veille de son anniversaire !

J’ai été embarqué sans pouvoir prendre d’effets personnels, amené au bureau de l’immigration de Pattaya, questionné, puis transféré a Bangkok en fourgon de prisonniers grillagé.

 

A IDC (International Detention Center) de Bangkok, on m’a obligé à signer un document qui m’accusait d’être en « Over Stay ».

J’ai passé plus de 3 semaines enfermé (c’était un véritable enfer), nous étions plus d’une centaine par cellule.

Les matons ont refusé que mon traitement pour la Thyroïde me soit remis !

Mon amie Thaïlandaise a fait des pieds et des mains pour me faire libérer sous caution. La somme de 100 000 thb a été réunie par ses soins (elle a dû vendre son collier d’anniversaire et emprunter le reste de la somme à sa famille et à ses amis).

 

Je suis sorti de prison très affaibli, amaigri et malade et j’ai dû me soigner durant plusieurs semaines.

 

L’immigration a gardé mon passeport et nous avons dû faire le trajet Pattaya-Bangkok tous les 10 jours pour remplir des documents et être pris en photo.

Cette situation a duré de mai a novembre (6 mois). Avec interdiction de sortir du pays et de travailler.

 

Durant tout ce temps, j’ai vécu avec la peur au ventre et avec un énorme stress.

Ma santé générale s’est fortement dégradée et mon moral a été très affecté.

Parallèlement j’ai raté des opportunités d'emplois saisonniers qui m’auraient permis de m’en sortir financièrement.

 

Au terme de ces 6 mois, l’immigration a rappelé pour m’annoncer que ma libération sous caution était annulée, j’ai du me rendre a nouveau a l’IDC de Bangkok où l’on m’a de nouveau enfermé en prison.

Rapidement on m’a dit que je pouvais récupérer mon passeport et devais quitter la Thaïlande.

 

Je suis donc parti dans mon pays d’origine, puis suis revenu 2 semaines plus tard pour honorer un rendez-vous au bureau du procureur.

3 semaines plus tard, j’ai reçu un appel annonçant que j’étais disculpé et non coupable.

Mais aucun document officiel ne m’a été envoyé…

 

A ce jour, je ne peux plus travailler en Thaïlande.

Je suis ruiné et endetté. J’ai dû me séparer de ma voiture et de mon scooter. J’ai dû quitter mon logement et déscolariser mon fils de son école internationale.

J’ai quitté la Thaïlande et suis retourné dans mon pays d’origine (où je n’y ai plus aucune attache), pour tenter redémarrer une vie et de rebondir...

J’ai été obligé de laisser en Thaïlande mon fils de 7 ans et mon amie Thaïlandaise, ainsi que sa fille de 12 ans que j’ai adoptée il y a 10 ans.

 

Plus de 10 mois après, ma santé (physique et psychologique) n’est toujours pas stabilisée.

Et pour couronner le tout, je viens d’apprendre que je ne peux plus exercer mon ancien métier d’éducateur sportif en France, à cause de mon séjour en prison en Thaïlande !

 

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Il est à noter que :

 

Après quelques mois de travail, nous avions effectivement constaté que la licence ne semblait pas tout à fait adaptée à l’activité.

Nous avions à plusieurs reprises alerté le propriétaire et sa secrétaire.

La réponse était toujours la même : La licence est bonne, seulement dire, en cas de contrôle, que nous n’avons que 9 appartements (sur les 19 en location !).

 

Le 8 mai, quand ont débarqué les autorités, ils ont demandé si le propriétaire était la, mais j’ai dit que non ! (j’ai menti pensant qu’il était en meilleure position en étant libre pour démêler cette histoire). Quelle erreur ai-je fait !

 

En sortant je me suis retrouvé sans emploi, sans logement et sans passeport.

- Sans emploi car mon amie et moi avons constaté que nous avions été licenciés le 30 avril (ce licenciement a été antidaté et ordonné sans préavis), Il date donc d’avant mon arrestation et accusation !!!

- Sans logement car nous étions logé dans ce même Resort.

 

Quelques jours après ma sortie de prison, j’ai rencontré mon patron qui revenait de France avec sa secrétaire.

Il m’a dit que sa secrétaire Thaïe allait se déclarer coupable, qu’il ne me laisserait pas tomber et qu’il allait m’aider financièrement.

Il a pourtant refusé de m’avancer le montant versé pour la caution, j’ai dû emprunter à des proches pour rendre le montant de la caution aux préteurs de mon amie Thaï.

 

Pendant 5 mois j’ai été dans l’attente d’un jugement, avec l’obligation d’aller pointer à l’IDC de Bangkok tous les 10 jours (à mes frais), avec interdiction de sortir du royaume de Thaïlande et de travailler.

 

Le propriétaire de ce Resort ne nous a finalement apporté aucune aide financière et juridique, malgré ses promesses.

 

Tout le dossier et autres documents, vont êtres remis à un avocat et à d’autres administrations…

 

P.

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BANGKOK 26 mars 2023 23:28
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