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Chinois abattu par la police à Paris : nouvelle nuit de tension

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Mort de Shaoyo Liu : nouvelle nuit de tensions dans le XIXe

Par Gurvan Kristanadjaja 29 mars 2017 à 07:20
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Rassemblement devant le commissariat du XIXe, mardi dans la journée. Photo Cyril Zannettacci pour Libération

Après la mort d'un homme d'origine chinoise dimanche soir, tué par la police, un nouveau rassemblement avait lieu devant le commissariat du XIXe arrondissement ce mardi soir. Comme le précédent, lundi soir, il a dégénéré.

Sur la place Francis-Poulenc, près du commissariat du XIXe arrondissement, plusieurs centaines de personnes se sont de nouveau données rendez-vous ce mardi soir. Après les débordements survenus lundi à l'issue d'une manifestation à la mémoire de Shaoyo Liu, un quinquagénaire d'origine chinoise tué par la police, 35 personnes ont été interpellées. Au cours de la soirée, ils étaient encore neuf en garde à vue au sein du bâtiment. 

Après la mobilisation des soutiens de la famille toute la journée sur cette même place, plusieurs centaines de personnes sont venues gonfler les rangs. Deux mots d'ordre : la libération des personnes interpellées lundi soir et la justice pour Shaoyo Liu, alors que les versions divergent toujours sur les circonstances se sa mort, la police évoquant la légitime défense, ce que conteste la famille. Le public est plus dense que la veille, plus divers aussi. Des jeunes portent des pulls «Justice pour Adama Traoré», d'autres, plus âgés sont des riverains du quartier ou encore des militants «anti-police» ou anarchistes. Beaucoup de personnes d'origine asiatique aussi, dont les plus fervents soutiens de la famille Liu se trouvent devant les policiers. Ils brandissent des pancartes «libérez nos frères» et déposent des bougies.

«Ça va péter, je ne suis pas venu pour ça»

Dans ces circonstances et après les débordements de la veille, la question de la soirée n'est pas vraiment de savoir si un affrontement éclatera entre les forces de l'ordre et les manifestants, mais plutôt quand. L'un d'eux, constatant que les journalistes portent des casques, s'amuse déjà au début de la manifestation : «Eux, on voit bien qu'ils savent ce qu'il va se passer ce soir.» A bien observer l'architecture de la place dans laquelle les manifestants sont confinés, il ne suffit que d'une étincelle. Les seuls points d'accès sont une petite ruelle longue d'une centaine de mètres et un escalier en haut duquel s'entassent déjà quelques jeunes. 

Dans les rangs, on croise un élu de Seine-Saint-Denis, actif après la mort de Zhang Chaolin cet été à Aubervilliers. Après quelques minutes de discussion cordiale, une première agitation. Des jeunes se montrent menaçant envers les militaires de la mission Sentinelle postés dans la petite ruelle, les forçant au repli. «Je ne vais pas rester, ça va péter, je ne suis pas venu pour ça», nous dit l'élu. Il nous salue, puis s'en va.

Après plusieurs jets de bouteilles, Olivier Wang, un autre élu, conseiller municipal à la mairie du XIXe et membre de l'association des jeunes chinois de France se saisit du mégaphone : «Manifestez dans le calme, pas de débordements s'il vous plaît». Il nous regarde, l'air inquiet, puis lance «je n'aime pas ça». Deux personnes ont déjà été interpellées, même si le rassemblement demeure calme pour l'instant. Devant, les soutiens de la famille, un peu dépassés, tentent toujours tant bien que mal de faire passer leur message. Ils se tournent vers la foule à chaque projectile pour leur demander de cesser. Ils ont des mégaphones dont les piles faiblissent, leur message est à peine audible. L'un d'eux prend la parole en Chinois : «Priorité aux Chinois et aux français d'origine chinoise». Puis reprennent leurs slogans «Tout le monde déteste la police» ou «police, assassins».

La centaine de manifestants crie "police assassins" pic.twitter.com/4jK7X0UoYA

— Gurvan Kristanadjaja (@GurvanKris) March 28, 2017

Dans les rangs, de plus en plus de personnes portent des foulards, des casques et des masques alors que l'on approche de 23 heures. La plupart commencent à anticiper l'éventualité d'une riposte policière au gaz lacrymogène. Les premiers manifestants quittent la place peu à peu, se font fouiller un par un par un cordon impressionnant de policiers qui filtrent tous les accès. Voilà trois heures que le rassemblement a débuté, autant de temps à anticiper chaque mouvement de foule ou jet de projectiles. A 23h30, l'un des individus présent au milieu de la foule allume un pétard qui tombe directement sur les policiers. Voilà l'étincelle. Les policiers ripostent avec des gazs lacrymogènes et grenades de désencerclement. Les manifestants évacuent la place en courant. S'en suivent des affrontements flashball contre pétard, bouteilles contre matraques. 

???#EnDirect >> Affrontements en cours avec la #police dans la 19e arr. (#Paris) en marge du rassemblement pour #LiuShaoyo (@Jonathan_RTfr). pic.twitter.com/iUtXn3Ovbs

— ?Le Globe (@LeGlobe_info) March 28, 2017

Des images tristement communes désormais de policiers à cran, d’individus s’en prenant à des véhicules et de photographes ou journalistes malmenés. Dans l'arène, ne restent que casseurs et forces de l'ordre éclairés par la lumière jaunâtre des lampadaires. Les manifestants et soutiens de la famille Liu ont, eux, vu leur message militant s'évaporer avec la fumée du gaz lacrymogène. 

 

 

http://www.liberation.fr/france/2017/03/29/mort-de-shaoyo-liu-nouvelle-nuit-de-tensions-dans-le-xixe_1559075?

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